jeudi 7 mai 2009

Olivier Schwartz évoque Spirou

Entrevue avec Klarelijn

Dans l'entretien qu'il nous accordait sur ces pages au printemps 2007, Olivier SCHWARTZ nous confiait, à propos de la reprise graphique de séries comme Blake et Mortimer ou Spirou : "C'est évident que je ne refuserai pas de telles propositions si elles m'étaient faites. Ouais, j'adorerais mais peut-être qu'un jour ?...". Deux ans plus tard, le souhait exprimé par le dessinateur de l'Inspecteur Bayard se réalise avec la parution du Groom Vert-de-Gris, un album de la collection une aventure de Spirou et Fantasio par... écrit par YANN. Cet album va constituer indéniablement une étape importante dans la carrière d'Olivier SCHWARTZ et lui offrir la juste reconnaissance qu'il mérite amplement. Tout cela justifiait bien un nouvel entretien, celui-là même que nous vous proposons aujourd'hui.
 
Klare Lijn International : Comment s’est concrétisé ce projet ? Je crois qu’il y avait eu au préalable des tentatives de reprise de Gil Jourdan.
Olivier SCHWARTZ : C’est exact. YANN m’a d’abord proposé de plancher sur Gil Jourdan. Il demandait simplement deux, trois personnages principaux pour voir comment je les interprétais. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire une fausse couverture... Emballé, il m'a proposé d'essayer de dessiner une page sur un de ses crayonnés qu'il situa au milieu d'une histoire qu'il avait en tête. Chez DUPUIS ça a bien accroché mais ils ont voulu en voir plus ! Bref, j'ai dû réaliser trois planches supplémentaires pour, disaient-ils, que la séquence soit plus longue et donne un meilleur aperçu de ce qu'on pouvait faire. Leur réaction fut enthousiaste. On s'y croyait déjà ! Et puis, BADABOUM ! Le projet proposé à la fille de Maurice TILLIEUX n’a même pas pu lui plaire, puisqu'elle n'a pas souhaité le voir. YANN s'était un peu avancé en pensant que celle-ci était décidée à donner une suite aux aventures du légendaire détective belge. Comme des c…, on s'était bien enflammés ! De son côté, YANN avait signé un synopsis d'album entier ! Il faut voir les belles promesses qu'on nous a faites...

KLI : Et donc vous vous êtes retrouvés avec le projet du Groom Vert-de-Gris.
O.S. : Suite à l’échec du projet de reprise de Gil Jourdan, nous étions forcément un peu KO ! En même temps, nous savions que notre travail n'était pas en cause parce que DUPUIS était vraiment prêt à sortir le grand jeu en ressortant les albums de TILLIEUX, un par un, accompagnés d'une nouveauté à chaque fois. YANN m'a alors parlé des "one shots" Spirou. A l'époque, seul l'album de YOANN et VEHLMANN était paru. Il m’a demandé si cela me plairait d’en faire un avec lui. Quelle question ! On a donc recommencé le même cérémonial mais ça a été beaucoup plus simple car DUPUIS s'en voulait quand même un peu de nous avoir fait autant travailler sur Gil Jourdan. Le Spirou a donc été un peu plus facile à mettre en place. Quelques illustrations ont suffi. Cela a juste mis plus de temps que prévu parce qu'il y a eu trois changements de direction successifs - sans prévenir le personnel - à la tête de DUPUIS et nous n’avions pas toujours grand monde comme interlocuteurs à certains moments. Au final, quand la situation éditoriale s'est stabilisée, le projet a repris.

KLI : Aborder ce Spirou conçu initialement pour CHALAND, après le Journal d’un Ingénu, l’excellent Spirou d’Emile BRAVO, j’imagine que cela doit mettre la pression. Vous étiez dans quel état d’esprit en abordant cet album ?
O.S. : Le Spirou de CHALAND est une merveille ! C'est scandaleux que cette idée de "one shots" vienne si tard, c'est lui qui aurait du l'inaugurer. J'imagine sa déception quand le manque de souplesse et d'imagination des rédactions de l'époque lui ont fait refermer ses fardes ! Pour les autres albums "one shot", j'ai préféré ne pas les lire avant d'avoir bouclé le mien. Mis à part le premier que j'avais acheté et bien apprécié! Ce jour là, si l'on m'avait dit qu'un jour j'aurais la chance d'en dessiner un ! Depuis, j'ai lu le BRAVO et effectivement, il a mis la barre très haut! Celui qui dit qu'il n'a pas de pression en s'attaquant à un personnage aussi emblématique que Spirou est un menteur, ou un YANN (D'ailleurs il est né à Marseille !). Cette pression est tangible, évidemment. En même temps, comme toutes sortes d'auteurs ont eu ce privilège, c'est moins compliqué que de succéder à un unique créateur indiscutable. Il y a aussi le fait de travailler avec un type comme YANN qui m'a mis dans les meilleures conditions pour aborder cet univers.

KLI : Vous avez relu des Spirou de vos prédécesseurs avant de débuter ?
O.S. : Oui. J’ai relu quelques FRANQUIN et j’ai essayé de me procurer les JIJE de l’époque décrite dans l’album. Ils ne sont malheureusement pas encore réédités. C’est d’ailleurs le seul tome qui manque encore à la collection Tout JIJE chez Dupuis. On peut avoir des bribes dans certains ouvrages. Ce n’est qu’un aperçu. Mais on n’a pas besoin de tout lire pour se lancer, il faut se reposer sur la mémoire. C’est vrai que la lecture des anciens, ça rassure un peu.

KLI : Concernant votre dessin, est-ce qu’il y a eu des interrogations de votre part sur l’évolution à lui donner pour ce Spirou ? Est-ce qu’un auteur en particulier parmi les prédécesseurs vous a marqué davantage ? On sent par exemple l’influence de JIJE dans un personnage comme Fantasio.
O.S. : C’est vrai. Pour Fantasio, je me suis plus inspiré de JIJE qui ne l'oublions pas l'avait inventé et lui avait donné ce côté hurluberlu un peu maigre avec un cou interminable. Fantasio est tout à fait étonnant chez JIJE !

KLI : Et le personnage de Spirou ?
O.S. : Au départ, pour tout vous dire, je suis parti sur des dessins de Rob VEL. J’ai cherché. J’ai essayé de trouver un angle. Ce n’était pas évident. Je retombais souvent sur le Spirou de CHALAND qui m’avait pas mal marqué et également celui de FRANQUIN. Et j’ai donc fait un mélange de tout ça. En fait, cela s’est fait tout seul. Parfois, on retrouve un peu plus du Spirou de CHALAND, parfois un peu plus de celui de FRANQUIN, parfois on tire vers JIJE ou même étonnamment vers HERGE ou SAINT-OGAN. Et puis, même si c’est vrai qu’on se les pose, c’est bien beau toutes ces questions. Il faut faire des pages et aller de l’avant.

KLI : Vous n’avez donc pas trop gambergé avant de travailler sur cet album ?
O.S. : Non. Pas tant que cela en fait. Parce que finalement je l'ai dessiné comme je dessine l’Inspecteur Bayard.

KLI : Et le contexte belge de l'album, ses références à des personnages comme ceux de Willy VANDERSTEEN qui sont pas forcément dans le patrimoine francophone, cela vous a posé un problème ? Il vous a fallu gagner vos "galons de belgitude" pour vous mettre au niveau de YANN qui est très belge ?
O.S. : Lui, c’est un expatrié, quasiment d’ailleurs un apatride. Moi, j'ai avalé des quantités de bouquins et de journaux pour compenser mon ignorance de la Belgique. Je trouvais assez peu de documentation à Nantes. Peut-être m'y prenais-je mal ? Une seule visite à Bruxelles pour rencontrer enfin YANN m'a permis de constituer de la documentation pendant trois jours. Pas mal de photos. Quelques dessins. Tout ça au pas de charge, il a une de ces foulées! Malheureusement on n'a jamais les bonnes images quand on se retrouve seul face à sa planche. Les personnages de VANDERSTEEN sont quasi inconnus en France et je dois avouer que je n'en ai lu qu'un ou deux...

KLI : Pendant la réalisation de l’album, est-ce que vous avez pu influer sur le scénario de YANN ou bien avez-vous été un élève respectueux des consignes ?
O.S. : C’est un peu spécial. Je n’avais pas travaillé énormément avec YANN. Il y a eu le projet de reprise de Gil Jourdan et une petite bande dessinée, sur une petite alsacienne, Suzel. Juste quelques gags en une planche. Finalement assez peu de choses. J’avais trop de respect pour YANN et en règle générale j’ai trop de respect pour les scénaristes, pour m’immiscer dans leur cuisine. Et puis j’aime bien aussi qu’on me raconte d’abord une histoire. En fait, j’ai laissé YANN faire son boulot de manière extrêmement classique. Ça ne se passera pas comme ça à l'avenir! Qu'il se le tienne pour dit !

KLI : Je crois savoir que YANN dessine ses scénarios. Est-ce que cela vous a changé par rapport à la collaboration sur l’inspecteur Bayard.
O.S. : Oui, c’est différent. Mais ce n’est pas une première pour moi car j’ai déjà travaillé avec un scénariste-dessinateur à mes débuts, dans les années 1980, chez Milan. Il s’agissait de Christian GOUX, auteur de Saucisson Smith et ancien rédacteur en chef de tintin France qui avait repris Fripounet et Marisette pour Fleurus dans un style très hergéen. A l’époque, j’ai le souvenir que les dessins de Christian m’avaient troublé. J'essayais systématiquement de faire plus compliqué que lui. Je lui avais d’ailleurs demandé de ne m’envoyer que des scripts au bout d’une vingtaine de pages. J’imaginais, à tort, que cela entravait mon imaginaire. Avec YANN, cela a été complètement différent parce son travail est différent et que j’ai muri et compris tout l'intérêt que j'avais à ne pas lutter contre les premières approches mais de m'en servir notamment pour réussir les cases de transition, ces cases obligatoires pour l'avancée du récit mais qui sont une plaie à dessiner. En fait, YANN, sans me mâcher le travail, le faisait toujours avancer d’un cran. Quand je commençais à m’intéresser à la planche, il avait déjà résolu un certain nombre de problèmes techniques et partant de là, j’avais plus de temps pour aller encore plus loin dans le dessin.

KLI : Vous n’avez pas eu d’oppositions, de conflits sur le traitement de certaines séquences, de certaines cases ?
O.S. : Non. Pas de conflit. On s’est bagarré d’une façon rigolote. On communiquait beaucoup par mail et on s’envoyait des blagues. Tout en petit nègre-allemand... Avec la volonté commune d’essayer de créer le meilleur album possible. J’essayais aussi d’ajouter mon grain de sel pas seulement d’un point de vue graphique. Moi qui suis assez respectueux du travail du scénariste, j’ai vite compris que YANN aimait bien qu’on lui apporte aussi un avis, d’autres mots, et que le fait qu'on change son texte ne le gênait absolument pas. J’étais habitué à travailler avec Jean-Louis FONTENEAU qui pèse chaque virgule et avec qui il faut argumenter pour changer son texte. De plus, les textes étaient toujours revus par la rédaction d'Astrapi d'une façon plutôt pointilleuse. Là, je pouvais ajouter des éléments. Quand ce n’était pas bon, nous en discutions en essayant de trouver le meilleur parti.

KLI : C’est vrai qu’avec Yves CHALAND, YANN était habitué à un dessinateur qui bouleversait pas mal ces scenarios.
O.S. : Vous avez raison. Ce n’était pas du tout le même rapport entre YANN et CHALAND qu’entre YANN et moi. C’est même l’inverse. Et puis, pour moi, c’est un premier travail avec YANN.

KLI : Vous avez accroché d’entrée au scénario de YANN ?
O.S. : Oui. Malgré son inscription dans un contexte historique, je l’ai trouvé finalement très moderne. Il n’aurait pas pu voir le jour dans les années 1940-1950. Il y a du sexe (évoqué), des morts (de loin, mais quand même...). On y parle de l'épuration, du sort réservé aux juifs, de certificat d'aryanité… Bref, des sujets trop sensibles pour être abordés dans les années d'après-guerre !

KLI : Il est certain que c’est du tout bon YANN. Le seul petit reproche qu’on pourrait faire à cette histoire réside dans la multiplication des références.
O.S. : C’est peut-être un peu trop mais nous nous sommes amusés. Vous savez un peu comme quand on fait son premier livre, on veut tout y mettre et tout prouver. Nous étions trop excités par ce projet !

KLI : Au lecteur avisé de dénicher toutes les références !
O.S. : Il y aura d’ailleurs un jeu à ce sujet dans le journal Spirou avec des albums à la clé.

KLI : Sur le dessin proprement dit, comment s’est passé la collaboration. Prenons un exemple concret, le véhicule de Fantasio, un repère visuel assez fort de l’album, qui a déterminé les caractéristiques, la décoration, la couleur… ?
O.S. : YANN avait déterminé qu’il s’agissait d’une traction. Après, pour la décoration, il y a eu une petite bagarre là-dessus. YANN avait pensé au pique noir qu’on trouve sur la robe de chambre du Fantasio de JIJE. C’était une très bonne idée mais je trouvais que c’était un peu fade graphiquement. J’ai donc proposé de mettre un peu plus de couleurs et toutes les cartes.

KLI : Le Groom Vert-de-Gris est un album au long cours. Est-ce que cela a été une partie de plaisir ou un dur labeur ?
O.S. : C’était effectivement un format inhabituel pour moi. Jamais je ne m’étais attaqué à un 62 pages. Sur l’inspecteur Bayard, j’ai dessiné des grandes histoires en 48 pages. C’était il y a longtemps et je n’en avais plus du tout l’habitude. Il m’a donc fallu retrouver le marathonien sommeillant en moi alors que j’étais habitué à piquer des 100 mètres. La réalisation d’un tel album a un côté fastidieux parce qu’il faut toujours rester au niveau de la documentation, des personnages. En plus, comme je dessinais un Inspecteur Bayard en même temps, j’étais obligé de couper mon travail sur le Groom et quand je le reprenais, je ne savais plus dessiner Spirou, Fantasio ou bien j’avais oublié ma documentation. Jusqu’à la fin, j’ai du en référer à ma documentation pour dessiner le moindre fusil, le moindre uniforme, les vêtements…C’est indispensable. Si on commence à copier ce qu’on a déjà dessiné, au final, on ne peut qu’aboutir à des choses fades.

KLI : Avez-vous entrepris l’album dans sa continuité ou bien par séquences ?
O.S. : J’ai travaillé en continu, quasiment case par case. Je n’encre pas case par case mais presque. J’adorerais faire cela. Je l’ai d’ailleurs fait longtemps. Là ce n’était pas possible. C’était quand même page par page. Il m’est arrivé de travailler sur des séquences de 6 à 8 pages au crayonné mais j’aime bien encrer immédiatement. J’aime travailler chronologiquement parce que, comme je le disais, j’aime bien qu’on me raconte une histoire. Quand on la dessine, on a l’impression aussi de la vivre. Je n’imagine pas dessiner une bande dessinée dans tous les sens, en commençant par fin par exemple, parce qu’à ce moment-là, on devient quelqu’un qui fabrique. Pour moi, il faut être dans l’histoire. Il faut la vivre aussi. En planchant sur un album, le dessinateur évolue et son dessin aussi. J’aime cette idée que du début à la fin, ce n’est pas la même chose. Des gens très pointus peuvent sentir ces différences. C’est vivant. C’est important pour donner de la chair à l’ensemble.

KLI : On peut estimer que cette sortie va certainement constituer un cap important dans votre carrière qui était jusqu’à présent très orientée jeunesse avec, à mes yeux, un manque de reconnaissance, une tendance à vous considérer comme un auteur influencé par CHALAND. En avez-vous conscience ?
O.S. : Bien sur, j’y ai pensé et j’y pense encore. C’est un peu comme rentrer dans la grande école. Sur l’influence trop grande de CHALAND, j’en conviens de toute façon. J’aurais eu bien du mal et j’ai encore bien du mal à me débarrasser d’une influence qui peut être critiquée par ailleurs.

KLI : Je vais m’autoriser une question un peu tarabiscotée. Si CHALAND n’avait pas existé, auriez-vous dessiné de la même façon ?
O.S. : Si SAINT-OGAN n'avait pas existé, est-ce qu'HERGE aurait dessiné de la même façon? Si JIJE n'avait pas existé, GIRAUD aurait-il fait des westerns? Si ma tante en avait, la mettrait-on en bouteille ?

KLI : Parlons de la couverture de l’album et celles des deux numéros du journal de Spirou dans le cadre de la prébublication du Groom Vert-de-Gris. Les idées vous viennent rapidement ou nécessitent plusieurs tentatives ?
O.S. : Pour l’album, j’ai réalisé des projets de couverture très vite, dès l’été 2007, trois mois à peine après avoir commencé. Vous savez ce que c’est, il y a des représentants qui en ont besoin pour leur travail. J’ai fait quelques esquisses et celle qui a été retenue correspond à ma première ébauche. Pour les couvertures du journal Spirou, j’ai du faire 5 ou 6 esquisses. Les deux retenues étaient aussi dans les premières. Avec les couvertures, on peut croire avoir trouvé et il faut parfois chercher encore un peu. J’adore travailler sur les couvertures.

KLI : J’imagine que la parution du Groom Vert-de-Gris va être accompagnée d’une promotion importante avec moult déplacements, interviews… Vos projets vont en prendre un coup. Quels sont-ils ?
O.S. : Oui. Cette promotion est normale. L’après-album, c’est encore pas mal de travail, plein de choses à faire, des ex-libris, des interviews… Vous savez, quand on a été privé pendant de longues années, de la moindre interview, de la moindre radio, c’est quand même très agréable. Pour les projets, c’est encore un peu vague. Il y a en un avec YANN en continuation de notre travail. Nous aurions peut-être la possibilité de travailler sur un ouvrage qui serait une tranche de vie de FRANQUIN, JIJE, MORRIS quand ils sont partis au Mexique, aux USA, quand ils ont rencontré GOSCINNY.

KLI : CHALAND avait déjà résumé la vie de JIJE en quelques planches !
O.S. : Oui, c’était très drôle. Mais là, il ne s'agirait pas d'une parodie.

KLI : Toujours fidèle également à l’inspecteur Bayard ?
O.S. : Non. J’ai décidé d’arrêter. J’ai vraiment été au bout de cette série. J’en ai fait énormément et j’y trouvais un peu moins de plaisir ces derniers temps.

KLI : Le personnage va continuer ?
O.S. : j’étais prêt à le céder à un autre dessinateur. J’ai dit à Jean-Louis FONTENEAU, mon scénariste, qu’il pouvait trouver quelqu’un, qu’il n’y avait pas de problème. Je pensais que l’éditeur suivrait, aurait envie de garder un personnage, un héros dans le journal Astrapi. Finalement, j’ai appris qu’il n’en était pas question. J’étais bien évidemment un peu peiné pour Jean-Louis après vingt ans de collaboration.

KLI : Et des projets personnels ?
O.S. : J’en ai mais ce ne sont encore que des embryons. Il y aura bien un moment où je pourrais m’y consacrer mais pas dans l’immédiat.

KLI : Ce serait toujours dans un style ligne claire ?
O.S. : C’est vous qui parlez de ligne claire. Moi je n’en parle pratiquement jamais. Je ne me force pas à faire de la ligne claire. Je ne pense pas trop à ça. J’aime bien faire d’abord ce qui me plait.

KLI : Vous pourriez donc créer dans un registre différent, dans un style plus jeté par exemple ?
O.S. : Oui cela se pourrait.

KLI : Vous avez donc le sentiment de ne pas être arrivé au bout de votre évolution en terme de dessin, de ne pas avoir trouvé votre patte, votre style caractéristique ?
O.S. : Je laisse infuser, les influences se digèrent lentement chez moi. Parfois c'est très long... Le temps a son mot à dire là-dedans et je pense qu’au bout d’un moment, la personnalité finit par surgir. Et si rien ne vient, tant pis, être qualifié de "sous-chaland" n'est pas si déshonorant, ça prouve que j'ai une excellente photocopieuse !

KLI : Certains personnages dans le Groom Vert de Gris tendent vers un style plus réaliste. Je pense notamment à Ursula.
O.S. : C’est vrai. Elle était encore plus réaliste sur les croquis de départ. Pour tout vous dire, j’étais parti de Marlène Dietrich. Elle était plus dure, ce qui lui donnait un aspect encore plus réaliste que le résultat final.

KLI : J’ai cru comprendre qu’il y aurait un tirage de tête de l’album ?
O.S. : Il y en aura plusieurs. Il y a différents projets en noir et blanc, en couleurs, avec des formats variés, des couvertures originales. Il y a en aura d’abord un chez Boulevard des Bulles. Un autre avec beaucoup d’esquisses, presque tout le matériel, qui viendra bien plus tard, en fin d’année, chez Bruno Graff. DUPUIS sortira également la version bruxelloise. D'abord en luxe puis un retirage en édition plus courante.

KLI : Des expositions à l’occasion de cette parution ?
O.S. : Oui. Une exposition va être organisée, à partir du 7 mai, à la librairie La Main Blanche à Waterloo en banlieue de Bruxelles...


Illustrations coypright SCHWARTZ-YANN-DUPUIS pour Spirou et SCHWARTZ-FONTENEAU-BAYARD pour Inspecteur Bayard

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