mardi 23 avril 2013

Le soir

Le soir du jour...
 


Lundi, dix auteurs ont débarqué à la rédaction du Soir, rue Royale, sur le coup de 10h30. Ils avaient dans leurs bagages des palettes graphiques, des pinceaux, des feutres, des pots de couleur, de l’encre de Chine et « l’esprit Spirou ». Pour fêter les 75 ans de Spirou, le journal a invité ses plus célèbres dessinateurs à griffer les photos d’actualité. A la réunion de rédaction, ils ont découvert des dossiers et des sujets pas toujours faciles à illustrer. Entre le sort d’un terroriste tchétchène, une victime de la guerre en Syrie ou les manifs contre le mariage gay en France, Spirou a été parfois contraint au grand écart. Le groom n’avait pas droit à l’erreur. Avec Fantasio, il a l’habitude des grands reportages mais pas de l’actualité au quotidien. Après plus de trois heures de débats et de réflexion, les idées se sont mises à fuser. Chacun a jeté ses esquisses et ses crayonnés sur la table. Mais dehors, le monde continuait de tourner. A peine dessinés, certains sujets disparaissent du chemin de fer du journal. Un pic de stress est atteint sur le coup de 15 heures en raison de problèmes techniques et deux infographistes des Editions Dupuis sont appelés à la rescousse. Entre-temps, Emile Bravo s’improvise coloriste et infographiste. Plus la pression augmente, plus le sens de l’humour se fait ravageur sans jamais franchir pour autant la ligne rouge… Les dessinateurs vont sécher sur Charles Michel, dont ils ignorent tout, avant d’avoir l’illumination de lui mettre un calot de groom entre les mains comme s’il s’agissait d’un ex-voto socialiste. Leur imagination sera soumise une seconde fois à la torture, quand le même Charles Michel se retrouva à la Une du journal. Il faudra toute la malice de Yoann pour que jaillisse cette idée folle de tire-bouchonner Spirou comme une poupée vaudou ! Mais l’image la plus délicate, la plus difficile à réaliser, la photo à laquelle personne n’osait toucher, sera celle d’une victime de la guerre en Syrie. Le scénariste Yann s’est aventuré le premier sur ce terrain miné avec un simple phylactère, pudique et lourd de sens. Olivier Schwartz a ajouté d’un coup de pinceau délicat un Spip, le petit écureuil de Spirou, transformé un secouriste discret : une image forte, touchante, inoubliable. Il faut aussi, pendant que l’on dessine, que l’on scanne, que l’on lettre les phylactères, répondre aux questions des journalistes du journal télévisé ou du journal parlé de la RTBF, et de Bel RTL. Au milieu de l’après-midi, le rédacteur en chef de Spirou, Frédéric Niffle, vient relever le moral des troupes. José-Luis Munuera envoie des photos du Musée du Louvre « spiroutisées » depuis Grenade ! La course contre la montre est en passe d’être gagnée. Les premiers dessins terminés sont déjà mis en page et provoquent des éclats de rire dans la rédaction. Les cerveaux bouillonnent. C’est bon signe. Les boîtes mails de la coordinatrice graphique du Soir, Pascale De Moyer saturent. Certains dessins sont trop lourds : on pourrait en faire des posters ! Olivier Schwartz reçoit la folle mission de dessiner le gaufrier des cases de la Une, comme si’l s’agissait de transformer le journal en une gigantesque planche de bande dessinée. On lui déniche une immense latte de fer d’un mètre de long. Blandine lui donne un coup demain pour les cadrages. Poussé par le sens du détail, Yoann tient absolument à visiter le site du Bayern de Munich pour reproduire le drapeau officiel de l’équipe dont Spip portera les couleurs aux côtés de Daniel Van Buyten. Dan s’applique sur ses dessins malgré l’ambiance potache. Olivier Schwartz s’enflamme à chaque passage de sirène de police dans la rue : ça lui rappelle Spirou à New York. Les auteurs carburent au café et au Coca zéro. L’enthousiasme est si fort qu’il faut fermer les portes de la salle de rédaction pour ne pas perturber la concentration des journalistes du service Monde. Sur le coup de 21 heures, le rédacteur en chef, Didier Hamann, vient féliciter toute l’équipe et donner le bon à tirer. « Eviv Uorips ! » comme dirait Zorglub
■ DANIEL COUVREUR






Tu es aussi devenu le héros de multiples spin-off dans lesquelles tu n’hésites pas à changer de style ni d’auteur. Pour le meilleur et pour le pire ?
A mon âge, je suis ce qu’on peut appeler une icône de la bande dessinée. Il faut savoir prendre du recul avec soi-même et j’évite de me prendre trop au sérieux. Comme tu le sais, mon sort ne m’appartient plus depuis longtemps. Dans Panique en Atlatique, Parme et Trondheim ironisent sur ma situation en faisant de moi la victime d’une de ces restructurations économiques. Dans les deux livres « nostalgiques » qu’ils nous ont consacrés, Bravo et Schwartz ont revisité ma « vraie » jeunesse juste avant la Guerre puis pendant l’Occupation. Ils ont parfaitement capté cette ambiance.

Merci Grelot pour ces scans !
Merci Laurent, pour avoir acheté pour moi ce n° du soir, introuvable à Bordeaux !!

3 commentaires:

  1. Pour info,j'en ai trouvé un à la gare de Rennes aujourd'hui mercredi.Ce journal est distribué à J+1 dans les gares et son prix est de 2,30 euros.
    Kenavo

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    1. mes parents habitent près de la gare de Rennes, j'ai failli leur demander !
      à Bdx, apparemment même à la gare & à l'aéroport c'est impossible.
      mais grâce à Grelots, j'ai eu le scan le jour même !
      et demain dans ma boite, en provenance de Paris grâce à Laurent !
      ;-)

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  2. Ça c'est un beau reportage....
    ;)
    JM

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