dans Ouest France
Installé dans son atelier rezéen, Olivier Schwartz est le dessinateur des albums de la bande dessinée Spirou chez l'éditeur belge Dupuis.
Trois questions à
Olivier Schwartz, dessinateur bourré de talent et très discret. Il est papa de quatre enfants et doit concilier son activité professionnelle avec une vie de famille non moins intense.
Comment vous organisez-vous dans votre travail ?
Je travaille scolairement avec des horaires réguliers, sauf en cas de retard... L'idéal à cette saison, ce serait de travailler à la fraîche, très tôt le matin et le soir, mais ce n'est pas facile à concilier avec la vie de famille. Avec le scénariste, on passe beaucoup de temps ensemble, c'est un travail de complicité. En tant que professionnel, il faut assurer beaucoup de pages. La BD, c'est un mixte entre l'art et l'industrie, il faut toujours à un moment plaire au public pour vendre. L'album Le groom vert-de-gris représente un an et demi de travail.
Que diriez-vous aux élèves d'écoles de dessin sur votre métier, sur votre technique ?
Je leur dis qu'ils ont une chance mirifique d'avoir leur formation mais qu'il faut d'abord s'écouter pour ne pas être trop formaté. L'intérêt de l'école, c'est le réseau d'amis que l'on tisse. La BD est un milieu fermé. Quand j'accueille des stagiaires de collège ou d'école de dessin, je leur donne à faire exactement ce que je fais pour qu'ils se rendent compte de la difficulté du travail.
Je dessine au pinceau et à l'encre de Chine. C'est souple, agréable, plus dur aussi. On peut avoir des traits d'une finesse micrométrique ou au contraire très larges. Je peux ainsi tout dessiner avec le même outil, sauf le lettrage, que je réalise à la plume.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Le prochain album de Spirou. Avec le Groom vert-de-gris, Yann Pelletier a plongé Spirou dans les années noires de l'occupation de la guerre de 39-45. Et la coloriste l'a habillé en vert. Le prochain album en est la suite et se situe en 1946.
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« La bande dessinée, c'est un rattachement à l'enfance, un truc qui rassure, confie Olivier Schwartz. Je dessine depuis que je suis petit. C'est la créativité que j'avais en moi que je retranscrivais. J'ai appris la technique en copiant. Ça ressemblait à quelque chose de professionnel depuis longtemps. »
Ses maîtres : Jack Kirby, Jean-Giraud Moebius, Yves Chaland. Après une école de publicité à Paris, où il reste un an et demi, il débute sa carrière par des petits boulots pour une agence de communication. « J'avais beaucoup de commandes et je commençais à gagner ma vie. C'était l'âge d'or de la publicité, dans les années 80. On était la génération dans le dogme graphique de la ligne claire, avec une grande simplicité des traits, comme Hergé, Peyo... » Son objectif après l'école, publier dans le meilleur fanzine (magazine de fans), ce qu'il fait quelques mois plus tard.
La reconnaissance
À 19 ans, il présente son book au festival d'Angoulême. L'éditeur d'albums pour la jeunesse Milan le repère et lui propose tout de suite un contrat. « J'ai réalisé que les éditions pour enfants m'étaient plus proches de ce à quoi je m'attendais, je n'étais certainement pas sorti de l'enfance. » À la suite d'un premier album pour les tout petits nommé Pierre, Sophie et Robbie, il démarre une série d'albums avec prépublication dans un magazine. Puis il rentrera aux éditions Bayard pour dessiner L'inspecteur Bayard au journal d'Astrapi. « Je leur ai proposé simplement deux dessins pour le personnage et ils m'ont commandé 4 épisodes de 3 pages. » Il restera 20 ans chez l'éditeur qui lui proposera de travailler avec le scénariste Jean-Louis Fonteneau. « Jean-Louis vivait son scénario, c'était fin et subtil. Je me le suis tout de suite approprié pour en faire quelque chose. »
Une aventure de Spirou et Fantasio
Olivier Schwartz est contacté par Yann Le Pelletier en 2003 : « c'était le scénariste d'Yves Chaland ! », s'exclame-t-il. Il entre alors dans la grande maison d'édition Dupuis pour dessiner Le groom vert-de-gris. « L'album est sorti en 2009 et ça a fait un carton. » Après Gringos locos, en 2012, Il poursuit les dessins des aventures de Spirou, un travail de longue haleine pour cet artiste qui, entouré de ses planches, encres, plumes et pinceaux, n'est peut-être pas tout à fait sorti de l'enfance.