samedi 24 novembre 2018

Poing à la ligne

Chronique de Pierre Pelot sur facebook

Le monde va, il pleut, il ne pleut pas, il a plus plu, il n’a plus plu. Parfois passe un flocon esseulé, qui n’a rien trouvé d’autre que cette solitude pour se distinguer – ce n’était pourtant pas la peine : il n’existe pas deux flocons de neige identiques, c’est Chloé qui l’a dit, moi je crois tout ce que dit Chloé.

A la télé, aussi, par ailleurs, L’Heure des Pros continue d’affliger et d’infliger, quotidiennement, une heure ( comme son nom l’indique ) d’émission coupée en tranches de publicités essentiellement automobiles entrelardées de cacophonies bavardes incompréhensibles que crachent les tenants du plateau sous la non-direction du chef de bande, Pascal, qui ne loupe pas une occasion de le répéter, qu’il est le chef, et pas le dernier à donner son avis à tout propos sur les tonalités de l’invective.
En règle générale il fait beau. On ne se croirait pas en hiver.
Il arrive depuis quelques temps que le Journal de Spirou nous offre une série remarquable de qualité et de bonheur. Comme on n’y croyait plus. Comme au bon temps de l’âge d’or ( que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, bien entendu ) , le fameux temps jadis, où TOUT ETAIT BON, non seulement dans le cochon mais dans le journal. Toutes les séries magiques. Attendues dans les trépignements chaque jeudi, non seulement les séries de Spirou et Fantasio sous la plume et le pinceau de Franquin, mais le reste itou, tout le reste, vous pouvez aller vérifier. Eh bien ça recommencerait ?
Car, tombé du journal, en costume d’album :

ATOM AGENCY
Tome 1 Les bijoux de la Begum
Par Yann et Olivier Schwartz


Voici venir, dirait-on bien, un héros de papier au chemin largement ouvert devant lui, sur lequel nous allons partir en balade à ses basques, et pour longtemps, c’est à espérer. Atom Vercorian, pour le nommer, qui se voudrait détective et va nous prouver qu’il en a l’étoffe, fils de flic, de commissaire, excusez du peu. Qui se retrouve ici plongé dans le mystère qui entoure la disparition des bijoux de la Begum, richissime épouse du prince sultan Aga Khan III, re-excusez du peu again. Sacré fait divers, qui défraya la chronique, les chroniques, effectivement, au début des années 50. Cet album est un hommage, aux grands classiques aventureux des belles années ( encore ) de la BD franco-belge, quand nous allions, main dans la main, francos et belges que nous étions, voguer sur les vagues du succès et de la qualité, du bonheur de lire et de s’immerger dans les méandres rebondissants de ces histoires délectables. Ouf. C’était du plaisir. Le talent des auteurs avait alors bonne odeur enivrante. Il coule encore ( où il y a du gène ? ) dans les veines d’aucuns : Yann et Olivier Schwartz en sont. Ils signent donc cet ATOM AGENCY, l’un au scénario – Yann - , formidable tricotage que chantent des dialogues totalement originaux et peu communs, allègres, enlevés, et l’autre au dessin, dit-on, je cite « marqué par la néo- ligne claire de Yves Chaland », ce qui n’est pas faux, - Olivier SCHWARTZ dont le seul défaut niche dans l’ordre des lettres composant son patronyme que je ne parviens jamais à ranger dans le bon ordre à la première salve. Mais c’est sans doute ma faute.
Que des séries de cette qualité retrouvée continuent d’alimenter le joyeux hebdomadaire, balayant le trop plein de pauvres ersatz qui le hantent trop souvent et de trop lointainement.
Cet Atom est un régal.

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