Chronique de Pierre Pelot sur facebook
Le monde va, il pleut, il ne pleut pas, il a plus plu, il n’a plus plu.
Parfois passe un flocon esseulé, qui n’a rien trouvé d’autre que cette
solitude pour se distinguer – ce n’était pourtant pas la peine : il
n’existe pas deux flocons de neige identiques, c’est Chloé qui l’a dit,
moi je crois tout ce que dit Chloé.
A la télé, aussi, par ailleurs, L’Heure des Pros continue
d’affliger et d’infliger, quotidiennement, une heure ( comme son nom
l’indique ) d’émission coupée en tranches de publicités essentiellement
automobiles entrelardées de cacophonies bavardes incompréhensibles que
crachent les tenants du plateau sous la non-direction du chef de bande,
Pascal, qui ne loupe pas une occasion de le répéter, qu’il est le chef,
et pas le dernier à donner son avis à tout propos sur les tonalités de
l’invective.
En règle générale il fait beau. On ne se croirait pas en hiver.
Il arrive depuis quelques temps que le Journal de Spirou nous offre une
série remarquable de qualité et de bonheur. Comme on n’y croyait plus.
Comme au bon temps de l’âge d’or ( que les moins de vingt ans ne peuvent
pas connaître, bien entendu ) , le fameux temps jadis, où TOUT ETAIT
BON, non seulement dans le cochon mais dans le journal. Toutes les
séries magiques. Attendues dans les trépignements chaque jeudi, non
seulement les séries de Spirou et Fantasio sous la plume et le pinceau
de Franquin, mais le reste itou, tout le reste, vous pouvez aller
vérifier. Eh bien ça recommencerait ?
Car, tombé du journal, en costume d’album :
ATOM AGENCY
Tome 1 Les bijoux de la Begum
Par Yann et Olivier Schwartz
Voici venir, dirait-on bien, un héros de papier au chemin largement
ouvert devant lui, sur lequel nous allons partir en balade à ses
basques, et pour longtemps, c’est à espérer. Atom Vercorian, pour le
nommer, qui se voudrait détective et va nous prouver qu’il en a
l’étoffe, fils de flic, de commissaire, excusez du peu. Qui se retrouve
ici plongé dans le mystère qui entoure la disparition des bijoux de la
Begum, richissime épouse du prince sultan Aga Khan III, re-excusez du
peu again. Sacré fait divers, qui défraya la chronique, les chroniques,
effectivement, au début des années 50. Cet album est un hommage, aux
grands classiques aventureux des belles années ( encore ) de la BD
franco-belge, quand nous allions, main dans la main, francos et belges
que nous étions, voguer sur les vagues du succès et de la qualité, du
bonheur de lire et de s’immerger dans les méandres rebondissants de ces
histoires délectables. Ouf. C’était du plaisir. Le talent des auteurs
avait alors bonne odeur enivrante. Il coule encore ( où il y a du gène ?
) dans les veines d’aucuns : Yann et Olivier Schwartz en sont. Ils
signent donc cet ATOM AGENCY, l’un au scénario – Yann - , formidable
tricotage que chantent des dialogues totalement originaux et peu
communs, allègres, enlevés, et l’autre au dessin, dit-on, je cite «
marqué par la néo- ligne claire de Yves Chaland », ce qui n’est pas
faux, - Olivier SCHWARTZ dont le seul défaut niche dans l’ordre des
lettres composant son patronyme que je ne parviens jamais à ranger dans
le bon ordre à la première salve. Mais c’est sans doute ma faute.
Que des séries de cette qualité retrouvée continuent d’alimenter le
joyeux hebdomadaire, balayant le trop plein de pauvres ersatz qui le
hantent trop souvent et de trop lointainement.
Cet Atom est un régal.
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